LE PERE FOUETTARD
Dans beaucoup de contrées européennes, Saint Nicolas, le patron de la Russie, le défenseur des enfants sages, grand donateur, se fait traditionnellement accompagner par un personnage à la sinistre réputation et à l'apparence non moins rébarbative.
Il va sans dire qu'il est craint des enfants trop turbulents, désobéissants (probablement regardent t'ils trop la télévision?). Mais qu'en est-il de ses origines et saviez-vous que le terrible Père fouettard porte des noms très différents selon les pays?
Voici de quoi éclairer notre lanterne!
Le Père Fouettard, tout de noir vêtu, – même son visage est couleur charbon – porte un grand manteau, de grosses bottes ; il est coiffé d’un capuchon ou d'une cagoule d'où dépasse parfois une paire de cornes . Quelquefois, comme le diable, il est affublé d‘une queue. D'autre fois par contre, on le voit porter de riches habits rouges avec des parties dorées.
En Bavière et en Autriche, il s’appelle Krampus ( ce qui signifie crochet). Dans d’autres régions d’Allemagne, on le surnomme Ruprecht ou Knechtruprecht ; il est chargé de corriger les enfants désobéissants. En Rhénanie, en Silésie et dans quelques autres endroits, il se déguise en animal (le plus souvent en bouc) et se prénomme Pelzbock, Rasselbock, Pelznickel, Pelzruppert ou encore Bartel. (Pelz veut dire fourrure).
En Hollande où la fête de Saint Nicolas est très importante, l'évêque de Myre est accompagné d'un ou deux personnages appelés Zwart(e) Piet ( Pierre le Noir ). Ils sont chargés de ramasser les enfants méchants et de les jeter dans la Mer Noire ou de les emmener en Espagne. En effet d'après la tradition ces personnages noirs seraient des Maures laissés lors de l’occupation espagnole. Mais doit-on voir dans la Mer noire simplement le rapport de couleur, également symbole néfaste comme chacun sait, ou bien le rapport avec les pays de l'Est et, par extension, la Russie (ou ex-URSS), puisque Saint Nicolas est aussi le patron de ce pays?
Nous pensons pour notre part qu'il faut surtout retenir la symbolique des couleurs (Saint Nicolas est blanc, porte une longue barbe blanche et est naturellement bon. Père fouettard est noir et "mauvais". D'un côté on a le côté moralisateur du grand saint qui récompense les gentils et de l'autre on a le châtiment (mais pour les méchants seulement, car Père fouettard peut aussi être rigolard, farceur, bref: "de bonne compagnie"). Le reste des connotations éventuelles proviendrait alors d'une mauvaise interprétation due aux croyances populaires, parfois teintées de racisme, certainement de préjugés, peu importe d'ailleurs quelle soit l'origine réelle de Père fouettard!
Au Luxembourg, St-Nicolas se nomme Kleeschen. Le père fouettard, dénommé Housecker, a dans son sac des "rudden", petites baguettes de bois souple, style saule pleureur, pour donner des fessées aux enfants. Or avec l'évolution de l'éducation, jamais plus un Housecker ne donne de réprimandes. Il distribue juste une baguette souple aux personnes non méritantes de manière très symbolique. En général ce sont les instituteurs(trices) et les élus locaux qui en reçoivent et cela fait rire tout le monde lors de la distribution des sachets de St-Nicolas dans les écoles.
Voici donc une intervention ministérielle belge récente qui a été mise en exergue, avant la lettre, au travers des traditions populaires!
Mais la terreur des enfants dans le centre de l’Allemagne, dans quelques endroits de Bavière et même en Franche Comté, se présente parfois sous les traits d’une vieille femme mi – fée, mi – sorcière. Elle porte le nom de Frau Holle ou Klausenweiblein.
Quant aux origines de Père fouettard, elles sont aussi incertaines. Pour des raisons assez farfelues nous semble t-il, certains pensent qu'il s'agit d'une représentation de... Charles Quint!
Pour les hollandais, ce seraient des Maures laissés par les Espagnols. Pour d’autres, ce serait une invention des pédagogues du XVIIIème siècle pour punir les polissons et les paresseux. Pour d’autres encore il serait le boucher de la légende de Saint Nicolas. Pour le punir d'avoir tué les enfants l’évêque l’aurait obligé à le suivre partout ; il serait habillé en noir et il devrait réprimander les enfants non sages, non obéissants et non travailleurs.
Nous aimons assez cette dernière version qui adhère parfaitement au concept très fréquent de l'autorité religieuse ou de la personne vertueuse qui afflige une peine dans l'au-delà à un vilain. Dans ce cas-ci, le méchant boucher aura été condamné à payer son crime en suivant le Saint dans ses tournées, chargé d'innombrables jouets, mais aussi de faire une entorse à ses mauvais penchants en prodiguant "une certaine justice divine". Et cela éternellement, ou en tous cas pour très, très longtemps!